Avant-propos : cet article a été réalisé dans le cadre du Challenge Data #6, une semaine de défi autour de la donnée, organisée par Datactivist pour les 4e années de Sciences Po St Germain en Laye en décembre 2023. Celui-ci a été réalisé en 5 jours (ce qui peut expliquer, dans certains cas, le manque de réponse de la part de certains acteurs mentionnés dans l’article). Pour en savoir plus sur la méthodologie mise à disposition des étudiants, vous pouvez y accéder via ce lien.

Depuis 2002, 1 commerce sur 2 a fermé à Blois. Pire, 2 restaurants sur 3 ne sont plus ouverts. Comme beaucoup de villes moyennes, Blois a fait le constat d’un manque de dynamisme économique et commercial. Pour répondre à ce défi, la ville a signé en 2018 la convention “cœur de ville”. L’ambition de ce grand plan d’investissement public de 5 milliards d’euros sur cinq ans (2018-2022) est de re-dynamiser le centre-ville des 240 territoires sélectionnés.

“Blois a bénéficié de près de 7 millions d’euros grâce au plan action “cœur de ville”. Le taux de vacation des locaux est important, 7% contre 12% à l’échelle nationale, ce qui est très positif. Il y a un fort turnover”: chargée de projet action “cœur de ville” de la mairie de Blois.

La commune de Blois, située dans le Loir-et-Cher, compte 45 710 habitants. Elle est peu à peu devenue une commune d’accueil apaisante pour de nombreux français désirant quitter les grandes métropoles françaises. L’action “cœur de ville” tend alors à dynamiser le centre de Blois par le soutien de l’activité des commerces de proximité et l’extension de leurs capacités d’action.

Et pourtant,

En mars 2020, le Covid a mis à mal les ambitions de ce programme. Plus qu’une rupture, c’est un frein à la volonté politique d’ouverture de nouveaux commerces dans le centre blésois. En effet, cette période fut aussi celle de la fermeture de petites entreprises, profondément marquées par les confinements successifs. Une lueur d’espoir est tout de même permise : la fermeture des commerces de proximité à Blois ne peut pas être considérée comme une généralité.

Cet article tentera de comprendre quel a été l’impact du Covid sur ces commerces, dans un contexte de re-dynamisation du territoire blésois. Les arguments avancés s’appuieront sur des données “open data” vérifiées et mises en forme.

Un boom de la création des commerces blésois grâce à l’action “cœur de ville “ ?

<aside> 📌 2 axes principaux de l’action “cœur de ville” : - un développement économique et commercial équilibré - l’accessibilité et la mobilité au sein du territoire

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Soutenue par l’action “cœur de ville”, Blois a piétonnisé son centre-ville, dans l’artère principale se trouvent les principaux commerces, comme le présente le journal “Blois capitale”. Ainsi, les commerces ne sont accessibles qu’à pied, ce qui permet aux habitants d’y circuler plus facilement [zones vertes sur le graphique 1].

Des parkings ont été installés en dehors du centre [zones bleues sur le graphique 1]. Ces derniers n’isolent pas le centre-ville, bien au contraire, des navettes gratuites circulent toutes les 15 minutes pour relier les nombreux parkings au centre-ville, comme l’explique la ville de Blois. Leur répartition est assez équitable, elle permet aux populations de venir effectuer leurs achats en toute tranquillité. Pourtant, il reste compliqué de se garer dans le centre ville. Blois a donc bien mis en place des mesures pour éloigner les voitures de ces zones.

Plan 1: crédits: contributeurs Openstreet map et données téléchargées de geodatamine, mises en forme sur umap

Plan 1: crédits: contributeurs Openstreet map et données téléchargées de geodatamine, mises en forme sur umap

L’action “cœur de ville” et ses investissements ont donc permis de promouvoir des commerces supplémentaires. Et pourtant, malgré tout ces efforts, le nombre de commerces à Blois n’augmente pas significativement. Au-delà, entre 2018 et 2019, alors que la ville bénéficiait de l’action “cœur de ville” et de ses 7 millions d’euros d’aide, seulement 10 commerces ont été créés dans le centre. 2019 reste néanmoins l’année avec le nombre le plus important de commerces ouverts [graphique 2].

Une réduction drastique du nombre de commerces due au Covid

Loin d’être un signe d’activité économique intense, le turnover important de commerces dans le centre-ville blésois est le signe de difficultés économiques : quand ces commerces ont du mal à s’implanter sur le territoire, la ville n’arrive pas à fidéliser ses commerçants.